28 septembre 2010
Une entrevue
Je suis assise au bout de la table de la cuisine et j'écoute la femme assise à mes côtés, mes yeux dans les siens. Nous sommes très concentrées, elle parle vite dresse la liste des emplois qu'elle a qu'elle a eus qu'elle a perdus qu'elle a refusés. Je baisse parfois les yeux pour lui laisser un peu de répit et relâcher la fixité de l'écoute. Nos yeux qui ne se connaissent pas sont fatigués de cet échange si rapproché. Nos corps aussi arc-boutés à la table, elle pour bien raconter moi pour bien relancer. Mon visage se crispe dans des expressions neutres j'aimerais me dégourdir un peu. Son petit garçon vient se glisser contre elle pour lui demander quelque chose à l'oreille. Elle le repousse gentiment « attend encore un peu » et nous reprenons, détendues par ce léger souffle.
20 septembre 2010
La parabole des tops de muffin
Ça se passe à un vernissage. Je rencontre un ami que je n'ai pas vu depuis longtemps. Nous discutons, nous discutons, ma fille fatiguée chigne en me tirant la manche. Au moment où je veux vraiment partir, il me demande sur quoi je travaille, je réponds vite avec les seules grandes lignes, lasse et lassée moi-même.
AH, c'est drôle ça me fait penser à un épisode de la série Seinfeld tu connais Seinfeld ? (ouioui je recule un peu). Alors c'est Elaine tu vois qui c'est Elaine ?(ouioui la) c'est ça la coloc de Seinfeld. Bon et bien Elaine a décidé de se partir une business alors elle réfléchit à ce qu'elle pourrait vendre et donc à ce que les gens aiment : elle se dit ah mais les muffins! Elle pousse sa réflexion et cherche ce que les gens aiment le plus dans le muffin : ah mais le top, certainement! Guidée par cette lumière, elle décide de partir une business de tops de muffin. Ça marche du feu de dieu, tout le monde s'arrache ses tops de muffin. Tout va bien elle gagne de l'argent son entreprise est florissante, il reste cependant un petit problème : que faire de tous ces troncs de muffins étêtés ? Impossible de les jeter, elle décide de les redistribuer aux pauvres. Seulement les pauvres, ils sont comme tout le monde, ils n'en veulent pas DES TRONCS DE MUFFINS, ils veulent LES TOPS. Ils manifestent récriminent, DÉNONCENT, les médias s'en mêlent bref TOUT UN SCANDALE à base de C'EST PAS PARCE QU'ON EST PAUVRE QU'ON N'A PAS DROIT AU MEILLEUR DU MUFFIN! Tellement qu'au bout du compte Elaine doit fermer boutique.
Je suis ravie de cette parabole télévisuelle.
Complément Wikipédia : "The Muffin Tops" is the 155th episode of the sitcom Seinfeld. This was the 21st episode of the eighth season. It aired on May 8, 1997.
AH, c'est drôle ça me fait penser à un épisode de la série Seinfeld tu connais Seinfeld ? (ouioui je recule un peu). Alors c'est Elaine tu vois qui c'est Elaine ?(ouioui la) c'est ça la coloc de Seinfeld. Bon et bien Elaine a décidé de se partir une business alors elle réfléchit à ce qu'elle pourrait vendre et donc à ce que les gens aiment : elle se dit ah mais les muffins! Elle pousse sa réflexion et cherche ce que les gens aiment le plus dans le muffin : ah mais le top, certainement! Guidée par cette lumière, elle décide de partir une business de tops de muffin. Ça marche du feu de dieu, tout le monde s'arrache ses tops de muffin. Tout va bien elle gagne de l'argent son entreprise est florissante, il reste cependant un petit problème : que faire de tous ces troncs de muffins étêtés ? Impossible de les jeter, elle décide de les redistribuer aux pauvres. Seulement les pauvres, ils sont comme tout le monde, ils n'en veulent pas DES TRONCS DE MUFFINS, ils veulent LES TOPS. Ils manifestent récriminent, DÉNONCENT, les médias s'en mêlent bref TOUT UN SCANDALE à base de C'EST PAS PARCE QU'ON EST PAUVRE QU'ON N'A PAS DROIT AU MEILLEUR DU MUFFIN! Tellement qu'au bout du compte Elaine doit fermer boutique.
Je suis ravie de cette parabole télévisuelle.
Complément Wikipédia : "The Muffin Tops" is the 155th episode of the sitcom Seinfeld. This was the 21st episode of the eighth season. It aired on May 8, 1997.
16 septembre 2010
La marchande
Elle cherche fébrilement sur une liste le prix des poivrons. Sa vue doit se brouiller, parce qu'elle s'y reprend à plusieurs fois pour suivre la ligne jusqu'à son bout en dollars. Il est déjà 11h30, elle a une demi heure de retard sur l'horaire prévu, elle stresse. Moi aussi de la voir mais ça me regarde moins, je donne juste un coup de main. Des clients approchent qu'on renvoie « venez dans dix minutes ». J'inscris des prix sur des étiquettes, pèse des légumes pour fixer à partir du prix en livres, le prix à l'unité. La jeune fille que j'aide me demande souvent « ça va , c'est pas trop cher ? ». Je lève le nez au ciel et répond en général à l'aveugle «non non c'est bien». Quelque fois, je baisse un peu le prix. Il ne faut pas vendre à perte mais ça ne sert à rien de se retrouver avec le stock sur les bras en fin de journée qui sera donné à un autre organisme communautaire. Ce marché ponctuel est implanté dans une sorte de HLM privé et participe d'un projet plus large de revitalisation. Les clients sont des résidents du coin, drôle de coin. On m'a dit que le propriétaire envoyait à l'aéroport des rabatteurs pour orienter des nouveaux arrivants vers ces logements misérables. La plupart des gens ne restent pas longtemps, dés qu'ils connaissent mieux la ville ou après avoir trouvé un emploi, ils choisissent une meilleure place où vivre. Quand enfin nous sommes prêtes, des femmes approchent, des enfants dans leurs jambes. On note sur une « fiche facture » chacun des produits que choisissent les clients et à la fin on remet la facture à une des deux travailleuses sociales responsables assise derrière la calculatrice. Elle fait le total et encaisse. J'accompagne une dame qui compte et recompte son change recalculant rapidement les combinaisons de légumes qu'elle pourrait se permettre. Il lui manque 25 cents pour acheter trois aubergines et un chou vert. Je décide que le chou vert convoité est abîmé et qu'une ristourne de 25 cents s'impose. La « marchande » à la calculatrice me dit sur un ton mystérieux «attention quand même, connaissant les patrons, le prix c'est le prix ». Il y a trop de monde soudain et j'oublie de lui demander qui sont ces patrons.
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