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12 février 2011

Nouvelle Orléans 2

Quand je tombe enfin sur le Mid-City Green Market, mon image « marché » s'ajuste mal à ce qui se présente à moi; si j'associe le marché plutôt à une rencontre particulière dans la proximité avec des matières brutes et les gens qui les produisent, une relation villageoise au commerce, ce marché là est bien différent. Tout petit, pas plus de six ou sept stands, à peine installé sur le parking d'un centre commercial, fragile et mal à l'aise. Quelques tables, un parasol, un peu plus loin un van au coffre ouvert sur le haillon duquel on a disposé quelques produits, là par terre, des salades, et tout autour une marée de voitures. Les stands offrent surtout des produits transformés, du pesto, du miel, des sauces ou distribuent sur des petites tables branlantes des prospectus pour un monde meilleur, vert, solidaire, américain. Une dizaine de personnes sont déjà là, circulant vaguement ou en position d'attente, beaucoup de femmes noires, dans les mains des chèques ou des grosses pièces rondes en carton bouilli, un air habitué et distant. Je m'arrête devant une table d'oranges et de mandarines, les étiquettes sur les filets indiquent que les fruits viennent de Louisiane. Il fait chaud, j'ai très soif, je me poste devant la table aux côtés d'une femme d'une cinquantaine d'années qui tripote dans ces mains les mêmes pièces alternatives; elle tient aussi ce qui ressemble à des chèques de grande taille estampillés Supplemental Nutrition Assistance Program (SNAP). Il s'agit de food stamps,les pièces étant leurs dérivés en petit change, les fameux coupons alimentaires américains dont l'usage a explosé ces dernières années. Nous attendons face à l'homme derrière la table, il ne nous regarde ni nous sert. Le calme de la femme m'incite à la patience... Mais comme c'est long... je demande enfin à l'homme pourquoi cette attente. Il m'indique l'heure à son poignet, 14h50, le marché n'ouvre qu'à 15h00. Avant cette heure, il n'a pas le droit de vendre.

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